PAPILLONS DE NOS JARDINS (4)
Par les temps qui courent, avec un mois d’août exceptionnellement pluvieux et froid, on ne peut pas dire que les papillons soient de la fête. C’est pourtant un vrai miracle que de les voir réapparaître dès le premier rayon de soleil qui succède à la pluie. Raison de plus pour continuer cette rubrique consacrée aux papillons qui vivent autour de nos maisons car la belle saison n’est finie et elle nous réserve encore de belles observations.
J’éprouve toujours un grand plaisir à voir apparaître chaque mois d’avril le machaon, que l’on appelle aussi grand porte-queue. Les fleurs de buddléïas l’attirent immanquablement. C’est l’un de nos plus beaux papillons et il est assez facile de l’observer dans son jardin, même en milieu très urbanisé. En effet, les adultes sont assez vagabonds et vont eux-aussi, en bons campagnards qu’ils sont, se dévergonder jusqu’en ville. L’observateur attentif pourra même assister, comme sur la photo suivante, aux ébats de Monsieur et Madame Machaon.
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En mai-juin, je vais souvent fouiller du regard mes pieds de fenouils et le feuillage des carottes où il n’est pas rare que je tombe sur les superbes chenilles du machaon. L’an passé, j’ai même trouvé 5-6 chenilles dans ma jardinière à persil. Dans la nature, les chenilles se trouvent sur un grand nombre de plantes sauvages : angélique, peucédan des marais, pimprenelle saxifrage, cumin des prés, égopode… Lorsqu’elles sont inquiétées, les chenilles font saillir une glande odorante orangée qui éloigne les prédateurs.
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Dans nos régions, deux générations de machaons se succèdent d’avril à septembre. Dans le midi de la France, le climat plus favorable permet trois générations successives alors qu’en altitude (jusqu’à 2 200 mètres et même 2 700 m dans les Pyrénées espagnoles) le climat plus rigoureux ne permet qu’une seule génération.
Chaque automne, j’observe les derniers machaons lors des derniers beaux soleils de septembre, exceptionnellement juqu’en octobre, généralement sur des asters, puis ils disparaissent aux premiers froids. Il ne me reste plus alors qu’à attendre leur retour en rêvant de temps en temps devant le superbe livre de Tristan Lafranchis consacré aux papillons de jours (collection parthénope, éditions Biotope).